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一 , 二 , 三, GO!

Dans les parcs de Beïjing

Si vous avec compris en titre qu’il s’agissait des chiffres un deux et trois en caractère chinois (yi, er, san) votre apprentissage du mandarin est sur la bonne voie. Pour les autres caractères (idéogrammes) c’est une autre paire de manche cependant… On y reviendra.

Plus sérieusement, c’est en parcourant l’actualité québécoise des dernières semaines que l’idée d’écrire cet article m’est venue. En effet, il n’y a pas une seule journée où il n’est question des carences de notre système de santé : les urgences débordées; listes d’attente interminables pour se faire opérer; population vieillissante donc coûteuse; surconsommation de médicaments, bref un système à la dérive nous dit-on. Le système de santé chinois n’est pas parfait loin s’en faut mais une chose est certaine, la population en générale et les personnes âgées en particulier semblent prendre beaucoup plus aux sérieux l’entretien physique de leur personne. La retraite n’est pas synonyme d’abandon de soi-même comme c’est souvent le cas chez nous. (Il n’est qu’à voir au Québec comment les hommes sont cruellement absents des activités offertes aux aînées pour comprendre l’ampleur du problème).

Shan et Shui

Comme les logements des chinois sont très exigus les parcs sont en quelque sorte un espace de vie supplémentaire permettant d’y mener de multiples activités. Ces espaces verts sont d’ailleurs magnifiques et valent à eux seuls d’y passer de longs moments si on visite la Chine. (Le concept de ces jardins datent d’avant Jésus Christ et repose essentiellement sur deux éléments essentiels du paysage naturel : la montagne (shan) et l’eau (shui).)

Ainsi, chaque matin dans les parcs de Beijing (Pékin) c’est une véritable fourmilière qui s’éveille. Dès 6 heure on y voit les Pékinois s’adonner aux activités les plus diverses : certains font leur jogging, d’autres se rassemblent pour faire du Taï Chi ou encore de la danse sociale. Au détour d’un sentier c’est la corde à danser qui est à l’honneur si ce n’est des chanteurs ou musiciens qui laissent libre cours à leur inspiration (voir encadré Xie Xie Ni Laoshi). Pour les moins sportifs c’est une séance d’automassage (on se tapote les bras, les jambes pour activer la circulation sanguine) ou on joue d’adresse en solitaire avec une balle et une raquette. Même assis on fait tourner des boules dans ses mains afin de chasser le rhumatisme (prenez deux balles de golf par exemple et tentez de les faire tourner sur elles-mêmes au creux de votre main. Ça vaut pas mal de suppléments vitaminiques et autres pharmacopées miracles). De toutes les manières il ne s’agit pas ici de promenades bucoliques auxquelles on assiste mais bien à du conditionnement physique ou encore à des activités artistiques sous toutes ses formes.

L’âge de ces acteurs du matin varie des plus jeunes aux plus âgées (bien sur les gens au travail et les étudiants sont moins nombreux et cela s’explique par des horaires très chargés). Cet héritage de la révolution ou la condition physique était encouragée sinon obligatoire ne se voit pas uniquement dans les parcs d’ailleurs. En effet, au bas de la plupart des immeubles d’habitation ou encore disséminés un peu au hasard sur les trottoirs de la ville on retrouve divers appareils d’exercices physiques et la traditionnelle table de ping-pong misent à la disposition de tous et chacun. On peut s’y adonner sans frais et à toute heure du jour.

Ainsi, pendant que beaucoup de nos retraités québécois se voient isoler dans leur résidence à vérifier leur posologie d’autres à Pékin au contraire s’adonnent à des activités simples et peu coûteuses mais combien préventives sinon salutaire autant pour leur santé physique que mentale.

L’espérance de vie des chinois se compare sans honte aux autres pays du monde industrialisé (70 ans pour les hommes et 73 pour les femmes). Dans ces pays l'espérance de vie à la naissance se situait en 2003 autour de 75 ans pour un homme et 80 ans pour une femme. A titre de comparaison cependant notons que le total des dépenses santé en Chine par habitant s’élevait, en 2002, à 63 dollars, contre 2 476 au Japon[lachapele1] .

L’argent ne règle donc pas tout en matière de santé.

Comme nous, la Chine aussi fait fasse au vieillissement de sa population. La restriction des naissances par le gouvernement (1 enfant par couple) explique en grande partie ce phénomène. Cependant contrairement à chez nous, pour ces personnes du 3^e âge cela ne semble pas signifier la fin d’une vie active au contraire (Il n’est qu’à voir le très grand nombre d’enfants chinois pris en charge par leurs grands parents par exemple) mais plutôt une autre étape de la vie.

Peut-on imaginer que nos élus pourraient penser un peu plus préventif que curatif? C’est un choix de société auquel on peut sans doute réfléchir.

Il n’y pas que les produits à 1 $ qu’on peut importer de Chine…

[lachapele1]Source : Dictionnaire de la Chine contemporain,. Sous la direction de Tierry Sanjuan, Ed. Armand Colin., Paris, 2006

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